C’est ici que des trappes invisibles s’ouvrent sur un univers parallèle. Les montagnes s’immobilisent dans une nuance monochromatique. La neige envahit la rétine, elle engloutie les arbres, absorbe la couleur, recouvre les cascades et ralentit l’homme pour gravir ces cimes. L’une de ces trappes s’ouvre alors : une lumière orangée apparaît. Nous flottons dans l’irréel, le surnaturel. Puis, le vent se lève, la mer est secouée, déchirée, soulevée par un volume sonore qui éclate, les vagues se forment, le tableau se noircit, la période est courte, agitée. Bienvenue dans l’arctique. L’esprit n’a rien d’autre à faire que d’épouser le mouvement du bateau dans ce chaos incandescent. L’homme essaye de se frayer un chemin sur la mer tandis que deux baleines à bosse percent la surface, dans un unisson déroutant, sortant en symphonie leurs ailerons dorsaux. Et les oiseaux, ces voltiges de l’air, paraissent si sereins au creux des vagues dantesques. L’entrée dans l’ailleurs n’est pas toujours évidente. La passion, cette solide et folle alliée, nous fait traverser toutes les épreuves. Avec une quiétude inquiétante au cœur de cette ivresse noire.